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Présentation

Texte Libre

YARCOV

est né en 1954 à Oujda au Maroc, ville frontière, ville limite. 

L'orient, les parfums, les couleurs, les souvenirs qui dansent; des musiques, du silence habité, de l'émotion, un  rien de nostalgie et des désirs immenses, il n'en faut pas plus pour qu'une vie commence, pour qu'une vie scintille.

Il a mis le pas dans d'autres pas, entr'ouvert l'espace.

Enfance, adolescence,  la France, l'incandescence, des envies de lumière, la route était tracée.

Mais les vents sont contraires et les espoirs diffus.

Il voulait être artiste, saltimbanque; il écrivait des chansons, maniait les pinceaux et empanachait des toiles blanches pour faire naître des mondes insoupçonnés. Il écrivait, comme on se jette à l'eau, pour apaiser des douleurs lancinantes et embellir sa vie.

Depuis janvier 2008  il vit désormais près de Jérusalem.

Son regard est habité par les couleurs, les éclats de soleil,  les formes, le mouvement.

Cette quête est faite d'intériorité. Et pour s'enraciner dans des couleurs intimes il ne peint que la nuit, dans la fixité du halo d'un projecteur, afin de faire renaître la couleur, de l'extirper de l'obscurité.

Il a déjà fait plusieurs expositions en France, en Israël et a publié trois livres.

Comme il le dit en souriant, Yarcov est un peintre de l'abstraction figurative.

Il se déplace dans un monde personnel, à l'écart des références pesantes, des ressemblances, de l’identification inconsidérée.

Il n’oublie pas que sa peinture est Intuitive et changeante. Elle est ancrée dans ce temps et sans cesse oscille, se transforme, se renouvelle. Elle se ressource au gré des vents porteurs, des coups de cœur et de sentiments sans cesse attisés.

Son identité juive exerce une forte influence sur son travail qui cherche inlassablement l'enracinement au travers de couleurs éveillées, vives, chaleureuses, partages d'orangés, de jaunes, de bleus, de blancs qui donnent à sa peinture un éclat particulier.

La terre d’Israël vivait en lui. Il lui vint l’envie de vivre en elle.

Il a emporté avec lui sa famille, ses pinceaux, quelques rêves et des désirs en cascade pour son peuple.

 

Ses toiles il les signe en bas, à droite, à l’endroit où le regard se perd. Il s’appelle Yarcov

 

Recherche

Hiroshi Matsumoto

Un art dépouillé, débarrassé des représentations trompeuses, un art essentiel et apaisant.

Un album et un peintre à découvrir.

L'hiver en branches

IMG_7737.jpg

 

 

 

Il pleut sur les collines, il pleut sur les vallons, il pleut sur les rosiers et les arbres qui s'agitent.

Il pleut sur les journées, sur les soirs, sur nos heures, il pleut dès le matin, après les brumes épaisses.

Il pleut sur les chaises de jardin, sur l'étendoir à linge, sur les pierres du chemin, sur les murets solides.

Il pleut sur les chapeaux, sur la toile des pelisses, le rebord des visières, sur les bottes de sept cieux.

il pleut pour nous surprendre, il pleut pour nos prières, il pleut pour le printemps qui pousse sous la terre...

4 octobre 2013 5 04 /10 /octobre /2013 10:46

Julien Benhamou est un jeune photographe parisien qui travaille dans les domaines de la danse, de la musique, et de l'opéra.


Il est présent sur scène, hors champ, dans les coulisses, dans les salles de répétition ou les couloirs, et il rend compte de ce qu’il voit ou entrevoit, de quelques instants volés, de certaines postures immortalisées et de regards expressifs.


Les formes sont épurées, la forme est esthétisante, et les couleurs sont intenses. C'est une œuvre élégante, sensuelle. L'objectif n'est pas voyeur. Il est présent comme serait présent un spectateur privilégié, un amoureux transi et patient.


Les mouvements sont amples. Ils transportent de l'énergie et de la passion. Chaque photographie est un ressourcement. On peut y puiser une eau claire, limpide, fraiche.

Julien Benhamou nous parle de pureté avant tout.

Nous entendrons parler de lui : http://www.julienbenhamou.com

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12 juillet 2013 5 12 /07 /juillet /2013 10:30

J’aurais pu garder le silence, quelques temps, et ne pas ouvrir la boite recluse dans ma tête, une boite de Pandore qui abrite je ne sais plus quoi. Une boite de souvenirs, de l’affection sensible, des petites irritations et des grandes colères.

J’aurais pu conserver, égoïstement, toutes les images de toi, pour n’en être pas dépossédé, pour me les approprier et pleurer en silence. J’aurais pu aussi me réjouir en te rapprochant de moi.

J’aurais pu poser un voile sur ce passé récent, celui que nous avons partagé, de loin, alors que des kilomètres nous séparaient, et que tu te répandais en bénédictions sur moi et sur ma famille. Les avais-je méritées ?

Je ne t’ai pas vu partir, te dissoudre, t’étioler. Je ne t’ai pas vu t’amaigrir, t’affaiblir, perdre l’envie de te lever, de parler. Je ne t’ai pas assisté lorsque tu tombais, que tu perdais ton équilibre.

Les mots semblaient parfois s’envoler de ta bouche. Tu ne les maitrisais plus. Tu vivais déjà ailleurs, dans un autre monde, dans d’autres espaces célestes. Enracinés dans notre réalité nous pensions : il perd un peu la tête, il confond les prénoms, les époques, les histoires.

Tout paraissait conforme, ton âge, tes maladies, tes épreuves, tes sautes d’humeur. Rien ne nous étonnait, pas même tes considérations saugrenues, tes évocations redondantes lorsqu’il était question de nourriture ou des infirmières. Nous n’étions pas surpris des suspicions que légitimement, peut-être, tu nourrissais à l’égard de tes codétenus, de ces personnes qui hantaient les couloirs de la maison de retraite où tu finissais tes jours.

Nous avons tous pris pour incontournables tes conditions de vie. Nous avions probablement tort. Depuis la mort de ta femme, notre mère, tu semblais résigné, à ne pas continuer à vivre, à renoncer aux plaisirs même les plus infimes. Tu étais comme en sursis de vie, un laissé pour compte sur le bord de la route. Tu attendais, tu espérais l’achèvement qui nous prive aujourd’hui de ta vie, de tes blagues, de tes coups de gueule, de ton être. Cet être que sans le savoir vraiment nous avons adoré plus que tout.

J’ai des regrets, mais ils ne servent à rien.

Je voudrais t’évoquer, te retrouver, te ressentir. J’ai le désir d’aller à ta rencontre, de faire avec toi ce petit bout de chemin que nous n’avons jamais fait ensemble.

Il me reste des photos, des instantanés.

Il me reste le son de ta voix, qui ne me quitte pas.

Parfois je prends le téléphone, moi qui n’aime pas cet exercice (comme si me dérangeait l’immersion d’autres vies dans la mienne), et j’attends, quelque peu. Alors j’entends ta voix résonner, j’entends tes mots se détacher les uns des autres et je me souviens de ton accent.

Souvent se mélangeaient les vocables.

-         Papa, tu n’as pas mis ton appareil dentaire aujourd’hui ?

-        Il me faisait mal. Pourquoi, ça s’entend ?

-        Un petit peu. Tu devras prendre rendez-vous chez le dentiste.

-        J’en ai assez des médecins, nous verrons.

Ta voix rocailleuse, qui charriait quelques pierres du littoral du Languedoc, avait du charme.

Puis je raccroche le téléphone, je baisse les yeux, lentement, et je m’aperçois avec certitude que tu es là, tout près de moi, que tu me regardes. Cette proximité, cette familiarité me touchent, mais j’en conçois tout aussitôt de la peine. Nous sommes restés ainsi, tous ces jours, à la fois proches et distants, antagonistes et aimants. Peut-être étions-nous faits du même bois, de la même corde, de la même terre. Sang et eau mêlés.

Tu es le berceau de mon origine, je te suis lié, et mes cellules ont ta trame. Nous nous ressemblions. Une relation toute magnétique. Tous les éléments de même signe se repoussent. Triste fatalité.

Tu n’étais pas, dois-je le dire, facile à vivre. Je ne l’étais guère plus.

Les méditerranéens sont souvent excessifs. Tu étais furieusement méditerranéen.

Tu alternais la douceur et la dureté. Tu pouvais te démontrer hostile, de mauvaise foi, et pourtant si souvent attendrissant.

Nous chérissions tous ton rire, peut-être parce qu’il te faisait trop souvent défaut.

Tu pouvais tempêter, te mettre en colère, devenir éruptif, tel un volcan, et demeurer obturé quelques heures, quelques jours, parfois quelques semaines. Notre mère en a souvent souffert. Nous aussi. Il n’est pas bon de grandir en écoutant vociférer ses parents, en écoutant les menaces, les coups frappés sur le mur, la vaisselle brisée. Il n’est pas apaisant de voir ses parents s’entredéchirer. Et pourtant vous vous aimiez, à votre façon, oui vous vous aimiez.

En partant, elle t’a laissé désemparé, déserté de sa présence, de ses mots, de ses encouragements, furieusement seul. « Il n’est pas bon que l’homme soit isolé[1] » Tu passais tes jours à hanter ta grande maison, sans ne jamais heurter personne, sans perspective de rencontre, inéluctablement seul, confronté à ta propre image.

Cette solitude tu l’affectionnais lors qu’elle était habitée, séculière, rassurante. Des bruits de casserole que l’on remue, le frottement d’un balai, le claquement d’une porte, apaisaient tes craintes. Une voix, une question, une invitation à passer à table, te sécurisaient.

Mais elle est partie, brusquement, dans un demi sommeil, presqu’à la fin d’un jour. La vie peut se dérouler en un instant, le temps d’un claquement de doigts, d’un bruissement d’ailes. Le malheur est si inattendu et pourtant tellement prévisible. 

Cette solitude nous la partageons à notre tour. Elle est odieuse, intolérable comme le sont les rendez-vous manqués, les phrases imprononçées, les caresses retenues et les baisers esquissés.

J’ai porté le deuil, tous ces jours, et je les porterai une année entière, le temps de te dire au revoir, de te regarder t’éloigner, sur la pointe des pieds.

Tu as vécu longtemps et ton âge de départ fut « raisonnable », que ce terme employé est froid. Que vient faire la raison dans cet écartèlement définitif ?

Contrairement à ce que la plupart des gens pensent, cette longévité est encore plus douloureuse. Combien de souvenirs sont attachés à toutes ces années. Combien de situations, de douleurs, de bonheurs, de renoncements, d’espérances. Combien d’attentes, d’allers, de retours, combien d’impatience.

Plus les années passent et plus on prend de peine à se séparer de ceux que nous aimons. Ils s’inscrivent dans le paysage, ils deviennent immuables, indéracinables.

Tu étais indéracinable.

Enfant plein d’allant, adolescent heureux mais tourmenté (on ne perd pas son propre père à 16 ans sans conséquences), jeune homme ambitieux, militaire malicieux, exerçant cent métiers, marié sur le tard (il faut bien vivre sa vie).

Puis le départ, l’exil, la mort accidentelle de votre fille, ma sœur, le travail, la vie, les naissances, la séparation, la retraite, la mise à l’écart, le grand plongeon. Rien ne t’aura été épargné.

Tu étais un roc, un massif, tu inspirais la vigueur, la fermeté, l’intransigeance.

Tu étais affectueux, mais ce sentiment ne faisait qu’affleurer. Il apparaissait certaines fois, lorsque ta garde était baissée, comme s’il était impudique d’afficher ses sentiments.

Il pousse dans nos cœurs des mailles serrées faites de tout et de rien, d’un peu de soleil, de beaucoup de pluie, de vent du désert, de tuiles roses, de fêtes, de célébrations religieuses, d’instants d’amour ou d’emportement.

Tu as eu ta part. Nous t’avons par trop négligé.

Je veux reprendre le dialogue, rechercher ton pardon, refaire le chemin en sens inverse, aller à ta rencontre.

Attends-moi encore un peu, ne t’en vas pas tout de suite. J’ai quelques mots à te dire.

J’ai toute une éternité à tricoter, et j’ai peur de manquer  un peu de laine…

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Genèse chapitre 2 verset 18

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12 juillet 2013 5 12 /07 /juillet /2013 10:27

Terre de Sienne,

Sur les chemins, sur les collines,

Sur les marches qui mènent au marché,

Sur le perron des synagogues,

Sur les sabots des fins mulets.

 

Ocre doux,

Sur les tapis et les tentures,

Sur les rideaux des maisons basses,

Sur les cristaux des mosaïques,

Sur les peintures des murs chaulés.

 

Bleu céleste,

Sur les étangs parmi les toits,

Sur les étés brûlants de fièvre,

Sur les chemises et les tuniques,

Sur les volets de bois épais.

 

Gris de Payne,

Sur les orages de fin du jour,

Sur les bancs posés près des portes,

Sur les paupières à peine plissées,

Sur les guéridons à trois pieds.

Orpiment,

Sur les parchemins tendus,

Sur les peaux parcourues de lettres,

Sur les contes des mille et une nuits,

Sur les rives des calligraphies.

 

Le blanc des bâtisses en étages,

Le vert des cyprès dans le vent,

Le rouge du linge des cordelettes,

La rose thé des tendres serviettes

 

Les couleurs se mélangeaient,

Se dressaient les unes près des autres,

Se courtisaient pour mieux s’éprendre,

Des jours heureux de nos enfances.

 

 

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26 décembre 2012 3 26 /12 /décembre /2012 10:55

coup-de-pouce-copie-1.jpg

 

art et musique 2

 

 

Une nouvelle galerie à Jérusalem

La galerie ART  MUSIC GALLERY

12 Rue Yol Solomon (près du Kikkar Tsion)

 

Une galerie à découvrir.

De belles oeuvres, un environnement adapté et chaleureux mis en scène par Elyos Attal.

 

art et musique 6

Il faut saluer cette entreprise courageuse qui place l'art au coeur des préoccupations de tous.

N'hésitez pas à venir visiter cette galerie.

Amateurs et investisseurs, la porte vous est grande ouverte.

 

art et musique 3

 

art et musique 1


art et musique 4


art et musique 5


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9 septembre 2012 7 09 /09 /septembre /2012 20:56

exérieur 2

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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 15:19

des fleurs et une ville 

 

Elle pousse partout cette fleur qui nous invite à espérer, meme dans des endroits où ne s'attendrait pas à la trouver, et parfois en nous.

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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 19:36

60x60
60x60
par YARCOV

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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 19:28

flyer
flyer
par YARCOV

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6 septembre 2012 4 06 /09 /septembre /2012 19:11

En matière d'art le rapport à l'objet est dépendant du regard en charge d'apprivoiser tous les aspects de la chose vue. Ce regard touve appui dans des éléments apparemment distincts qui donnent à l'objet sa profondeur, son positionnement et sa capacité d'attraction.
En replaçant mes tableaux dans des environnements adaptés, il est plus facile de redonner aux oeuvres tout le chatoiement indispensable, en choissant la bonne lumière, le bon emplacement, le bon référencement des couleurs.
Un tableau n'est pas un élément surajouté, c'est à partir de lui que les espaces s'organisent. Il est bon de le redire encore.

 

Regardez l'album des intérieurs et celui des extérieurs, ils ont été réalisés en pensant à vous.

 

 


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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 09:40
Du spirituel dans l'art et dans la peinture en particulier  

Quels sont les pouvoirs de la couleur ? Comment agit-elle sur notre conscience profonde ? Quelle est la situation créatrice de l'homme dans notre société actuelle ? Ecrit en 1910 alors que l'artiste venait de peindre son premier tableau abstrait, nourri des observations et des expériences accumulées peu à peu, ce livre compte parmi les textes théoriques essentiels qui ont changé le cours de l'art moderne.

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Texte Libre

L'art est une ascension, une élévation, un voyage au coeur de l'intimité sensible.

C'est un retour vers soi, puis vers les autres.

Des desseins animés

 

Quelques considérations sur l'art

L'art est emmitouflé dans des pensées convenues.

Dans notre monde d'experts, il n'y a que peu de place pour le lyrisme, pour l'élaboration d'une pensée qui échappe aux canons de l'esthétique.

Dans le creuset de mes jours, j'ai transmuté la réalité pour la parer de mille lumières.

Je ne cherche ni l'élixir de longue vie, ni les secrets des anciens mages, puisque je possède déjà l'or des matins heureux.

Mes pensées sont orangées, mes rêves d'un jaune profond.

Et si le vert de mes ramures prolonge le bleu du ciel limpide, ce n'est que pour donner à ressentir, pour partager un peu de l'amour qui est contenu dans un chatoiement que je surexpose.

Ne cherchez pas le pourquoi des choses, la révélation des apparences.

Laissez-vous porter par les couleurs, par les rotondités, par les volumes.

Empruntez mon chemin parmi les paysages, les visages, et les pierres d'Israël.

Accompagnez-moi dans le creuset des jours, d'où sortira, demain, une espérance nouvelle.

 

L'art n'est pas un discours sur la méthode.

Il n'est pas non plus le révélateur de la nature.

Il se suffit à lui-même pour peu qu'il ne cherche pas à imiter, copier, ou singer une apparence, une illusoire apparence, une subjective apparence.

L'art n'est qu'un regard, qu'une approche.

Il se départit pour ce faire de toute idée de technique, de toute application besogneuse et précise.

Il ne s'agit pas de reproduire une forme, une émotion, de mettre en scène la théâtralité de la vie et de ses perceptions, sans posséder la connaissance profonde de la relative approximation de nos entreprises…

L'art n'est pas éthéré, n'est pas séparé de toute réalité, mais il s'en accommode. Il tente de  retranscrire une expérience sensorielle en utilisant des artifices de reconstruction qui diffèrent d'un artiste à l'autre.

Les supports sont différents, les intentions sont différentes, les appréhensions de la presqu'évidente matérialisation de la chose vue sont différentes.

La sensibilité est seule habilitée à initier un chemin, à l'emprunter, maladroitement, en tâtonnant.

Les maitres de l'emphase, du trait appuyé, de la précieuse précision ne sont que des experts, des techniciens, pas des artistes.

Ils imposent un savoir, une conception livresque de l'art. Ils veulent s'approcher de la vie, mais sans intégrer la vie à leur œuvre…

La vie n'est pas capturable, n'est pas empesée par des considérations rigides. Elle est multiforme, libre, et pour l'embrasser, il faut utiliser plusieurs niveaux de compréhension, plusieurs grilles de lecture.

La vérité n'et pas le but suprême de l'artiste.

Ce dernier est en recherche de véracité, de vraisemblance. Il tend à s'approcher de la perception intime qui est le fruit d'un itinéraire, d'une existence, d'expériences, d'émotions, d'allers, de retours, de replis sur soi, d'ouverture sur les autres…

Rien n'est moins tangible que la perception de l'artiste.

Il est victime des ses élans, de ses retenues, de ses ivresses.

Dès lors il n'est plus indispensable de mettre en avant le caractère nécessaire de la précision.

Pour réaliser cet effet, il n'est nul besoin de recourir à la médiation d'un artiste.

Un tableau sur un mur n'est pas une fenêtre supplémentaire, pas un miroir, c'est un monde en soi.

Il se suffit à lui-même, quels qu'en soient ses contours, son contenu, sa matière.

Qu'avez vous voulu représenter?

Cette question est d'emblée diffamatoire, puisqu'il ne s'agit pas de représenter, mais de donner en partage, de solliciter des niveaux de sensibilité qui peuvent être en sommeil.

Le concept de représentation rassure. Il est porteur d'angoisses latentes qu'il faut apaiser.

Que serait en effet un monde opaque, incompréhensible?

Que serait une vision détachée d'un substrat lié à la connaissance acquise au cours de tant d'années.

Un gouffre, un abysse, une dégringolade.

Quoi de plus revigorant qu'un paysage sous le soleil, une cabane dans la forêt, ou un chat dénouant une pelote de laine?

Quoi de plus signifiant qu'un visage rieur, que la légèreté d'une danseuse et le foisonnement de chaumes dans un champ?

Quoi de plus enthousiasmant que des personnages fortement arrimés au sol qu'ils parcourent, des oiseaux à plumage soyeux qui picorent un grain généreux?

La chose est entendue.

Mais il n'y a rien dans tout cela de plus invraisemblable.

 

Cette réalité ment.

Quoi de plus définitif en effet qu'un aplat de couleurs primaires, brillantes, agressives, que des tâches aux limites définies afin de caractériser un horizon qui apparait au lointain.

Il n'est rien de plus mensonger. Il suffit de s'approcher d'une matière pour s'apercevoir que sa couleur n'est que la résultante de plusieurs nuances parfois fortement éloignées de l'appréciation qui en est faite par le spectateur "attentif".

L'impressionnisme de Monet, le Fauvisme de Matisse, le Pointillisme de Seurat attestent de cette réalité dérangeante: la vie est composite, et pour la restituer il faut utiliser la recomposition de couleurs, de formes, de mouvements.

L'art n'a pas le pouvoir de créer mais celui de recréer.

La première occurrence de la création réside dans la lumière. Au sortir du premier jour de la création naquit la lumière.

Au sortir du premier jour de la recréation la lumière prit aussi son envol.

Elle est centrale dans l'œuvre des artistes. Elle embrase les regards, elle est immanente ou transcendante. Elle est protégée ou révélée. Elle est retenue ou offerte.

Et la lumière est la sève de toute œuvre digne de ce nom, puisqu'elle caractérise la vie, la spiritualité, la ferveur, et l'espérance sans cesse renouvelée.

Il n'est pas anodin que la lumière soit la juxtaposition de toutes les couleurs.

Celle qui apparait dans les tableaux n'est duplicable qu'à la condition de la savoir imparfaite puisque forcément incomplète.

L'œil recompose la lumière diffractée en l'affectant de caractéristiques intérieures mouvantes qui fluctuent d'un individu à l'autre.

Que de déconvenues alors, pour celui qui voudrait s'affranchir de ces contingences et qui doit affirmer sa sensibilité, sa verve, au travers de carrés, de rectangles, de formes géométriques, d'assemblages hétéroclites ou de tâches colorées évasives, déroutantes ou incertaines.

 

Que dire en outre de l'artiste qui, comme je le fais, utilise l'art comme catharsis, comme révélateur?

Chaque tableau devient l'affirmation d'une identité, d'une identification à d'autres destins, à d'autres parcours.

Le judaïsme, au travers des commandements, des Mitsvot, s'applique à mettre de la spiritualité dans toute matière, et à retrouver l'intériorité incluse dans le substrat le plus concret.

Il n'est aucune œuvre de la création qui soit dénuée de D. ieu.

Et l'art, dès lors,  est un vibrant hommage rendu à la création et à Son créateur.

Il était donc naturel que je sois investi de cette réalité, et ce d'autant plus que la centralité de la terre d'Israël s'imposait à moi.

La lumière n'était plus dès lors l'instrument de ma volonté, mais elle était associée à la moindre de mes entreprises.

Les tonalités de bleu, de jaune, d'orange, de rouge, les trainées de dorures impliquaient la lumière.

Le festoiement des couleurs n'a pour nulle autre fonction que celle de révéler les intériorités, de les mettre en mouvement.

L'oscillation générée dépend en grande partie de cette conception fervente de la vie.

Alors, les taliths peuvent danser, un peuple peut se mettre en route, et Jérusalem peut se fondre dans tous les regards.

Les maisons, les coupoles, les minarets, mes murailles, les cyprès; les fenêtres, les portes, les interstices, sont autant d'habitants de mon art, chargés de fixer la lumière et d'agripper une spiritualité qui m'est autant nécessaire que l'eau l'est pour la terre.

L'art ne peut me satisfaire s'il élude mes véritables préoccupations.

Il s'agit moins en effet de réutiliser les éléments en ma possession, ceux qui caractérisent les enveloppes, les contours, les reliefs, que de les affecter, selon ma sensibilité, à mes désirs les plus essentiels.

Ces désirs sont alimentés par ma capacité à redécouvrir la réalité, à en contourner les apparences, à restituer des vraisemblances. Ils permettent de tracer d'autres territoires d'expression, avides d'ensorcellements.

Je suis à la recherche d'un temps recomposé, d'une histoire à tramer.

Mais je puise aussi l'eau de la tradition, celle des précurseurs de l'art, celle de mes ancêtres.

L'héritage est soumis à l'impôt sur la mémoire.

Il serait illusoire de prétendre tout découvrir, tout concevoir. La création Ex nihilo n'appartient qu'à D.ieu.

Nous sommes porteurs d'une transmission, d'un passage de témoin, d'une dévolution signifiante, d'un legs d'espérances. 

L'artiste s'en sert sans vergogne, avec l'aplomb de sa condition acharnée.

De là à confondre influences et inspiration il n'y a qu'un pas qu'il ne faut pas franchir.

 

 

Mon patrimoine sensoriel est riche de tous les apports, de toutes les tonalités.

Se côtoient alors:

Des images d'enfance,

Des mariées qui dansent dans l'air du matin,

Des rabbins au visage vert,

Des violonistes,

Des couleurs pastorales,

Des oiseaux à la queue empanachée,

Des maisons aux murs blancs,

Des terrasses peintes à la chaux,

Des plages d'abondance,

Des bateaux pneumatiques,

Le parfum des vacances,

Les essences balsamiques,

L'eucalyptus du jardin,

Des balançoires,

Des portiques hauts,

Des arrosoirs,

L'eau des  gargoulettes,

Le jaune des cytises,

Les tomettes fraiches,

Les balcons fleuris,

Le son des luths,

Les tambourins du marché,

Les singes sur leurs tapis,

Les tartines de pain beurrées,

Les serments d'amour,

Les livres ouverts,

Les mondes enchantés,

Pagnol, Albert Cohen,

David Shahar,

Les parapluies de Cherbourg,

West Side story,

Les Lubitsch, les westerns,

Les cavalcades,

Les courses en vélo,

Ludwig van dans la 9ème,

Chet Baker, Lester Young,

Ella Fitzgerald, Billie Holliday,

Les accents de la détresse,

Les heures bleues,

La note tendue,

Jacques Brel,

Brassens, ferré,

Des accords de guitare,

Des couplets, un refrain,

Une chanson éternelle,

Les roses blanches,

Les feuilles mortes,

Et Syracuse, et white is white,

20 000 lieux sous les mers,

Le capitaine Achab,

Les rêves d'Alice,

Le magicien d'Oz,

Et Cecil B de Mille,

La traversée de la mer rouge,

Le Talmud Torah,

Les jeudis, les dimanches,

Les exercices d'hébreu,

Le drapeau d'Israël,

La Tikva, Jérusalem d'or,

Les paroles de ma mère,

Les nuits peuplées

De Belphégor, de citronnelle,

Du vent du sud,

Des odeurs de mirabelles,

La fête de pessah,

Les lumières de hanoukka,

Les gâteaux de Pourim,

Les rires de mon cousin,

Les calepins emplis,

D'une écriture penchée,

De mots d'amour inventés,

De la prime douleur,

Des rimes rugissantes,

Des marées de mon cœur,

Des valses lentes,

Des aigrettes qui s'envolent,

Des ciels d'un bleu incandescent,

Des terres orangées,

Des accents lombards,

De mon ami Herbert,

Chanteur, peintre, écrivain,

Un feu dévorant,

Des pierres brunes,

Des façades jaunes et siennes,

Des portes, des fenêtres,

Des grilles, des murailles,

Le sang d'un rouge corrida,

Le vert des cyprès aux vents,

Des crinières violines,

Des pourpres, des vermillons,

Les sucs, le safran velu,

Les poudres dans les mortiers,

Les cabasses, les graines de pavot,

Les éclats de gypse,

Le mica des roches dures,

Les hivers de pluies drues,

Les fruits dans leurs coupelles,

Les branches élargies,

A l'orée des regards,

Le chapeau d'un grand père,

Le fichu d'une tante,

La musique du mariage,

La Hora de nos mains lisses,

Les amis, les lions qui dorment,

Les étés d'Auvers sur Oise,

L'école de Barbizon,

La Ruche, le Montparnasse,

Le bateau ivre, lavoir,

Amadeo aux yeux fous,

Le Modigliani des cafés,

Zadkine et son nez d'aigle,

Et Pablo et son pull catalan,

Aragon et Elsa,

André Breton, Eluard,

Et sa terre bleue comme une orange,

Victor Hugo, et René Char,

Les poètes font la cour,

Les enfants jouent et courent,

Les pinceaux dans l'eau grise,

Stagnante dans l'atelier,

Se frottant l'un à l'autre,

Attendent le grand soir.

 

Mon patrimoine n'est pas figé pour autant.

Il est en quête de reconstitution, d'embellissement.

L'art est un héritage, en mouvement.

Il ne connait pas la fixité du temps, il recrée ses racines au fur et à mesure.

Il est fait de rythmes, de contrepoints, de césures.

L'art est fait de couleurs, de formes, mais aussi de cadences. Il sait battre la mesure, faire swinguer nos pensées et entraine nos pas.

Il est en perpétuelle oscillation.

Il n'aime pas l'immobilisme, il s'en défend.

En toutes choses, mais surtout en matière d'art, je recherche l'étonnement, l'interposition entre l'élément visuel et mes réalisations d'un potentiel de surprise, d'émerveillement.

L'inattendu comble mes attentes et je mets un point d'honneur à être bousculé dans mes    certitudes.

Le doute est inhérent à toute œuvre artistique. Il permet de définir un itinéraire en conservant l'opportunité d'en changer.

La signification est d'emblée évidente.

L'art n'est pas fait pour séduire, il est fait pour plaire.

De cette annonce dépend grandement l'avenir d'un artiste.

Il doit en effet ne pas tenter de courtiser un public, il se doit de rencontrer le sien. Et rien n'est moins difficile.

Alors il faut hésiter, tâtonner, montrer, démontrer, afficher, expliquer, tramer, esquisser et espérer qu'au bout de tant d'efforts, l'artiste percevra une once de reconnaissance, donc d'amour.

C'est pour cela qu'un artiste est artiste.

Il vit dans un monde sensible et sa perception extravagante est souvent dérangeante.

Mais ne prête-t-on pas qu'aux riches?

 

 

 Ma vérité est inscrite dans la pierre, dans les pierres.

L'amour que je veux partager est fait de cette matière minérale.

 

Les pierres

 

Murs de pierre,

De stries, d'arrêtes,

Pierres des carrières,

Alaises altères,

Pierres anguleuses,

Reliefs austères,

Le blanc du ciel,

Le rêve des terres,

Pierres lourdes pétries,

Par les vents rudes,

Poussières de temps,

Crues de pluies dures,

Pierres de gypse clair,

Des dunes pensives,

Des éclats de larmes,

De la craie des heures brunes,

Pierres des bâtisses,

Des créneaux, des murailles,

Des abysses des maisons,

Des entailles de façades,

Pierres de déconvenues,

De l'espérance d'un peuple,

Fragments d'arbrisseaux,

Caresses des prières.

Pierres des temples ravis,

Des arches silencieuses,

Dans les replis de grès,

Les secrets se révèlent.

Pierres posées sur des pierres,

Des ciments de ferveur,

Parures blanches minérales,

Dressées sur les hauteurs.

Pierres de souvenirs,

De la pensée parure,

Pierres des murs qui désirent,

L'éternité qui dure. 

 

 

 
 CITATIONS 

" Griffonner, gratter, agir sur la toile, peindre enfin, me semblent des activités humaines aussi immédiates, spontanées et simples que peuvent l'être le chant, la danse ou le jeu d'un animal, qui court, piaffe ou s'ébroue."
Hans Hartung.

" Il y a en somme en peinture plus à chercher la suggestion que la description."   
Paul Gauguin.

" Il faut bien comprendre que l'art n'existe que s'il prolonge un cri, un rire ou une plainte. "
Jean Cocteau. " La Difficulté d'Être "

"Un tableau ne vit que par celui qui le regarde "
Pablo Picasso

" La vie imite l'art, bien plus que l'art n'imite la vie".
Oscar Wilde.

" L'art est fait pour troubler".
Georges Braque." Le Jour et la Nuit"

" Une œuvre d'art est un coin de la création vu à travers un tempérament. "
Emile  Zola. " Mes Haines "

" Le plus précieux dans la création picturale, c'est la couleur et la texture. Elles constituent l'essence picturale que le sujet a toujours tuée."
Kasimir Malévitch.

" L'art est une abstraction."
Paul Gauguin.

" L'objet profond de l'artiste est de donner plus qu'il ne possède."
Paul Valéry. "Cahiers"

" Pour approcher le spirituel en art, on fera usage aussi peu que possible de la réalité, parce que la réalité est opposée au spirituel."
Piet Mondrian.

" L'art véritable n'a que faire de proclamations et s'accomplit dans le silence. "   
Marcel Proust. " Le Temps Retrouvé "

" C'est un des privilèges prodigieux de l'Art que l'horrible, artistement exprimé, devienne beauté, et que la douleur rythmée et cadencée remplisse l'esprit d'une joie calme. "   
Charles Baudelaire. " Théophile Gautier "

" L'artiste n'a de responsabilité envers personne. Son rôle social est asocial. Sa seule responsabilité réside dans sa position face au travail qu'il accomplit. "
Georg Baselitz

" Ecrire n'est pas décrire. Peindre n'est pas dépeindre. La vraisemblance n'est que trompe-l'œil."
Georges  Braque

" L'art, est à l'image de la création. C'est un symbole, tout comme le monde terrestre est un symbole du cosmos."
Paul Klee . " Théorie de l'Art Moderne "

" L'art est toujours plus abstrait que nous ne l'imaginons. La forme et la couleur nous parlent de forme et de couleur,  et tout s'arrête là. "
Oscar W
ilde. " Le Portrait de Dorian Gray "

" L'art et rien que l'art, nous avons l'art pour ne point mourir de la vérité."
Fiedrich Nietzsche. " Ainsi parlait Zarathoustra "

" L'art doit naître du matériau et la spiritualité doit emprunter le langage du matériau."
Jean Dubuffet.

" La peinture est un art, et l'art dans son ensemble n'est pas une création sans but qui s'écoule dans le vide. C'est une puissance dont le but doit être de développer et d'améliorer l'âme humaine."
Wassily Kandinsky. " Du Spirituel dans L'Art "

" La valeur réelle de l'art est fonction de son pouvoir de révélation libératrice."
René Magritte 

" L'artiste doit aimer la vie et nous montrer qu'elle est belle. Sans lui nous en douterions."
Anatole France. " Le Jardin d'Epicure "

" La force suprême de l'art et de l'amour est de nous contraindre à vouloir épuiser en eux l'inépuisable."
André Malraux. " Les Voix du Silence "

" L'œuvre d'art a une mission mystique qui est de racheter le réel."
E. Jaloux. " Essences "

" La fonction de l'art n'est jamais d'illustrer une vérité, ou même une interrogation. Elle est de mettre au monde des interrogations, qui ne se connaissent pas encore elles-mêmes. "
Alain Robbe-Grillet. " Pour un Nouveau Roman "

" La vérité est que l'art doit être l'écriture de la vie. "
Edouard Manet. P. Eluard - " Les Frères Voyants "

" Tous les arts sont comme des miroirs où l'homme connaît et reconnaît quelque chose de lui-même qu'il ignorait. "
Alain. " Vingt leçons sur les Beaux Arts "

" L'art, c'est l'homme ajouté à la nature. "
Vincent  Van Gogh. " P. Eluard - Les Frères Voyants "

" L'art est un jeu d'enfant."
Max Ernst.